« No mud no lotus » – Accueillir la souffrance…

Florent Cathala 6 comments

« No mud, no lotus » – « Sans boue, point de lotus ».

Cette petite phrase toute simple véhicule un monde pour la conscience et c’est cette ouverture de conscience que je voudrais partager avec vous maintenant. De la nécessité d’accueillir la souffrance…

 » Sans boue, pas de lotus ». C’est dans la bouche d’un vieux sage aux yeux d’étoile que j’ai pour la première fois entendu cette sentence énigmatique. C’était au Village des Pruniers, nous étions plusieurs centaines à assister aux enseignements du vénérable Thich Nhat Hanh.

Feuilles et fleurs de lotus

Au village des pruniers se trouvent des retenues d’eau, des mares, à la surface desquelles flottent toute l’année d’imposantes feuilles de lotus. Pour peu que l’on y soit à la bonne saison, au cœur de l’été, on pourra admirer sa floraison.

Et parce que le sacré n’a de sens que s’il est incarné, il est inspirant au petit matin mais aussi quelque soit l’heure de la journée, de s’asseoir là tout près de l’eau et de contempler la fleur du lotus. Une occasion d’entrer dans la pleine conscience, au royaume de l’instant présent.

Pour ma part, je restai de longues minutes, fasciné par les billes de lumière, formées de pluie ou de rosée, en équilibre à la surface des feuilles…

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Le lotus est une fleur parmi les plus belles et pourtant elle pousse les pieds dans la boue.
Il ne peut en être autrement.
Il faut d’abord la boue pour que le lotus puisse apparaître.
Sans la boue, point de lotus.

De la fleur de lotus à la pleine conscience…

Observer le lotus peut nous ouvrir à la compréhension de ce qu’est la « pleine conscience », qui est enseignée au Village des Pruniers.

Si j’observe le lotus en pleine conscience, je peux voir la boue dont il provient. A ce moment là je ne stigmatise plus la vase car je comprends qu’elle EST lotus. J’accueille cette vase, toute cette vase, et je m’émerveille devant sa nature de lotus. Lotus et boue sont des manifestations d’une seule et même essence.

Le vénérable Thich Nhat Hanh nous enseigne par cette métaphore. Il nous dit : Mon frère humain, ne crois pas pouvoir t’accomplir sans souffrance. Comme le lotus, ton accomplissement, ta beauté, ton bonheur, ne se révèlent que les deux pieds dans la boue, dans la vase de tes douleurs et de tes étroitesses.

Accueillir la souffrance.

C’est dans l’acceptation apaisée de notre condition que le lotus peut enfin voir le jour.

Cesser la lutte et accueillir la souffrance…

Tant que nous sommes en lutte contre nos souffrances, nous restons prisonniers de la dualité.
Nous tentons d’extirper de nous-même une partie dont on ne veut pas, alors qu’elle nous est consubstantielle. Nous sommes comme des graines de lotus qui refuseraient de se plonger dans la boue, sous prétexte que la boue répugne et ne ressemble en rien à la beauté promise.

Nous pestons contre ce monde coupable d’injustice et nous pleurons à la surface notre souffrance tout en faisant notre possible pour la faire taire et la bannir aux confins de notre inconscient.

La métaphore du lotus, qui pousse les pieds profondément établis dans la vase, nous montre qu’il est tant d’embrasser qui nous sommes, lumière et obscurité réunies.

Le lotus nous montre le chemin

Le lotus nous montre le chemin de la compassion, de l’amour tourné vers nous-même.
C’est en acceptant et en accueillant la boue intrinsèque à nos conditions humaines que nous pouvons voir grandir en nous la fleur du bonheur.

Le chemin d’accueil de la souffrance est un chemin difficile. Nul n’aime être confronté à ses ombres.
Pourtant, en moi-même, et parmi les patients que j’ai pu accompagner jusque là dans le cadre de psychothérapies, j’ai pu vérifier que la réconciliation profonde avec des mémoires émotionnelles enfouies, à chaque fois qu’elle s’opérait, amenait de la paix au sein de l’être.
Quelque chose de l’ordre d’une « refonte » chaleureuse de soi pouvait enfin s’opérer.

Dans ces instants fragiles et magiques, j’ai observé maintes fois comme le jaillissement d’une sève, d’une vitalité nouvelle, donnant la sensation d’une renaissance à soi-même.
Peut-être l’émergence de notre vraie nature, l’émergence du lotus, qui sait ? …

Je serais ravi d’échanger à ce sujet avec vous, qui que vous soyez, si le cœur vous en dit.

Si vous avez envie de commenter cet article, et de partager vos impressions, vos réflexions, laissez vos commentaires juste en dessous, j’y répondrai avec plaisir. 😉

A tout de suite,

Florent.

6 Comments on “« No mud no lotus » – Accueillir la souffrance…

    1. Bonjour Marie-Liesse,
      Oui je vais au village des pruniers au moins une fois par an, j’y amène mes enfants, c’est pour moi un lieu où il y a ce que j’appelle un axe vertical et les moines sont les gardiens de cet axe. Ils entretiennent le rayonnement et chacun peut venir s’y ressourcer… Très belle expérience humaine que la constitution du village des Pruniers. 😉

  1. Le post est ancien mais son contenu tellement nouveau pour moi…. Je me débats actuellement contre la boue de mon enfance qui, dans mon ressenti actuel, semble m’avoir souillée à vie…. Grâce à la thérapeute qui m’accompagne, me voici en route vers une nouvelle compréhension…. No mud no lotus… une révélation…
    Merci pour votre contribution !

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